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Il est midi et je suis à l’aéroport de Copenhague ; je viens d’arriver avec un vol d’Islande. J’attends qu’Ulla Madsen, ancienne présidente du SIE et directrice adjointe du Lobbying du SI, se joigne à moi pour que nous nous rendions ensemble à Istanbul afin de participer à une conférence internationale sur l’égalité des sexes dans la vie professionnelle, organisée par SI Club Etiler. Nous sommes accueillies à l’aéroport d’Istanbul par la présidente fondatrice du Club, Emine Erdem, secrétaire et chauffeur, qui nous emmène dans sa belle maison, où nous profiterons d’un accueil tout particulier pendant notre séjour à Istanbul.

 

Créé en 1988, le SI Club Etiler célèbre son 30ème anniversaire sous le thème « Soroptimists Advocate Gender Equality (SAGE) ». Il a sollicité et reçu une subvention pour le projet « Grant Scheme for Grassroots Civil Society Organizations », qui est cofinancé par l’Union européenne (UE) et la République de Turquie.

 

Le projet se subdivise en quatre parties:

  • Les activités « ChangEquality » visant à sensibiliser les étudiants à l’égalité entre les sexes dans la vie professionnelle ;
  • Les ambassadeurs du programme « ChangEquality » pour assurer la pérennité du projet ;
  • « SAGE » dans un programme de mentorat dans le milieu du travail, qui vise à équiper et à autonomiser les femmes face aux obstacles qu’elles rencontreront dans leur vie professionnelle ;
  • « Women Bridging Glass Cliff », conférence internationale sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans la vie professionnelle.

 

En janvier 2019, le Club Etiler a contacté les rectorats et des associations d’étudiants de diverses universités d’Istanbul. Au lieu de faire des présentations de sensibilisation, ses membres ont organisé un jeu: « ChangEquality », joué par 8 à 28 personnes. Ces dernières sont invitées à répondre à des questions et à analyser des cas en groupes, ainsi qu’à formuler de nouvelles perspectives qui leur permettront ensuite de comprendre la situation actuelle, de discuter des inégalités, de repenser les problèmes et proposer des solutions. Cela a déjà touché 350 étudiants.

 

Pour donner suite aux résultats du jeu « ChangEqualty », un programme a été élaboré dans le cadre duquel soixante personnes ont suivi une formation. Dix d’entre elles ont été nommées ambassadeurs « ChangEquality ».

 

La troisième étape a consisté en une formation de mentorat de deux jours, en avril dernier, à laquelle ont participé vingt-sept candidats mentors de huit clubs d’Istanbul. Ensuite, une formation pour les personnes mentorées a été organisée avec vingt-huit étudiants. Vingt-cinq mentors et vingt-cinq mentorés ont été choisis pour six à huit entrevues, pendant sept mois. Le programme a pour but de permettre aux mentors et aux mentorés d’acquérir des compétences; les personnes mentorées acquièrent ainsi les aptitudes nécessaires pour faire face aux défis, auxquels ils peuvent être confrontés dans leur vie professionnelle, tandis que les mentors apprennent à renforcer leur capacité à gérer des processus structurés, qui contribueront ensuite à la valorisation des mentorés.

 

La conférence « Women Bridging Glass Cliff », qui s’est tenue le 15 novembre à l’Université de Galatasaray, Ortaköy, a constitué la dernière étape du projet et quelle dernière étape !

 

La conférence a débuté par un discours inaugural de Melek Sine Berkem, Présidente du SI Etiler, suivi par la Présidente du SI Turquie, Dr. Nur Velidedeoglu Kavuncu, et la Présidente du SIE Anna Wszelaczyńska, suivie par la Cheffe adjointe de la société civile, Paolo Scialla, et enfin par A. Hakan Ati, Directrice des affaires européennes au Ministère des affaires étrangères de Turquie. Après les discours d’ouverture, Z. Gül Üstün, chef de projet de SAGE, a présenté le fructueux projet.

 

Des Soroptimist de Belgique, du Danemark, d’Islande, d’Israël, du Kenya, du Koweït, d’Autriche, de Pologne, du Rwanda, de Suisse et bien sûr de nombreux clubs de Turquie ont participé à cette conférence internationale. Le programme contenait d’excellentes conférencières et des débats pertinents, animés par des Soroptimist et des non-Soroptimist. En tant que conférencière principale, Ulla Madsen a évoqué l’égalité des sexes au Danemark et, plus particulièrement, le modèle du congé parental. J’ai moi-même participé à une table ronde intitulée  » Enlightening best practices: Rwanda, Belgique, Kenya et Islande ».

 

J’ai parlé de la voie vers l’égalité menée en Islande et de la manière par laquelle le pays s’est hissé en tête de l’indice mondial de l’écart entre les sexes, pour la dixième année consécutive. Quel est le secret du succès de l’Islande ? Quelles sont les leçons apprises ? En bref, l’égalité entre les sexes ne se réalise pas d’elle-même. Elle exige l’action collective et la solidarité des femmes, défenseurs des droits de l’homme, la volonté politique et des outils tels que la législation, un budget sensible à la question du genre et des quotas. J’ai parcouru la chronologie depuis 1915, année où les femmes islandaises ont obtenu le droit de vote, l’égalité des droits, l’égalité de rémunération, l’alliance de femmes, la première femme présidente, le congé parental partagé, les quotas au conseil d’administration et ceci jusqu’en 2017, année d’entrée en vigueur de la certification sur l’égalité salariale. Pour celles qui veulent en apprendre d’avantage sur la méthode islandaise :

 

https://www.facebook.com/worldeconomicforum/videos/10154881276321479/

 

Carolien Demey, présidente élue du SIE, a quant à elle parlé de l’amélioration de l’égalité des sexes dans la vie professionnelle, où, en tant que femmes, nous devons aider les autres femmes en les faisant passer au niveau supérieur. Nous devons être conscientes que chaque niveau supérieur reflète l’égalité entre les sexes du niveau sous-jacent. Des quotas ont été mis en place en Belgique, de sorte qu’aujourd’hui, dans un plus grand nombre de professions, d’entreprises publiques, d’universités et certainement en politique, davantage de femmes s’impliquent. Avec cet exemple, les secteurs où il n’y a pas de quota sont aussi en mesure de voir les avantages d’avoir plus de femmes dans leurs conseils d’administration… Cependant, la progression est lente et il reste encore un long chemin à parcourir.

 

Elizabeth Nyadwe, conseillère spécial Lobbying du SIE, a évoqué la nouvelle constitution  promulguée par le Kenya en 2010. Cette dernière approuve la représentation proportionnelle dans le système électoral. Les femmes et les populations vulnérables sont désormais prises en compte dans le système politique, ce qui a encouragé les femmes à s’investir davantage dans des postes à responsabilité à travers le pays. Les petits pas dans l’arène politique ont fait des étincelles et déclenché une sensibilité accrue à la question du genre sur le lieu de travail. La nouvelle constitution kenyane a donc eu un impact très positif pour le débat sur le genre.

 

Appoline Kangabire, Gouverneure du Rwanda, s’est penchée sur la vie des femmes dans son pays et sur les raisons pour lesquelles, après le génocide de 1994, le Rwanda a maintenu son engagement concernant l’autonomisation politique des femmes. Il demeure en effet le pays connaissant la plus forte proportion de femmes parlementaires au monde (61%) et presque la parité dans les postes ministériels. Le Rwanda occupe la 6e place de l’Indice mondial de l’écart entre les sexes.

 

 

La conférence s’est terminée par un débat, mené par des femmes turques non-Soroptimist, qui a mis en lumière le thème « Bridging to Glass Cliff « . Les Soroptimist du SI Club Etiler sont extrêmement actives et efficaces et peuvent être très fières de leur projet et de ses succès.

 

Parallèlement à la conférence, nous avons bénéficié d’un généreux programme de découvertes et de visites: une promenade sur les rives du Bosphore, une balade dans la vieille ville du côté asiatique et une visite guidée de la vieille Istanbul, où nous n’avons pas été bombardées de noms et de dates mais où nous avons appris comment vivre l’histoire d’Istanbul et le règne ottoman. La cuisine turque est célèbre et nous avons pu l’expérimenter au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner ! Dans la splendide maison d’Emine, nous avons toutes été invitées à un dîner spécial, ainsi qu’à un repas de gala au Musée naval de Besiktas et à un dîner d’amitié, dans un très bon restaurant du côté asiatique du Bosphore, où il y a eu un échange international très vivant.

 

Bien que le séjour dans la métropole d’Istanbul ait été bref, j’ai vécu tant de nouvelles sensations et expériences. Je me suis également réjouie de la compagnie des Soroptimist de Turquie et du monde entier. Aujourd’hui, deux semaines plus tard et de retour chez moi, je revis l’atmosphère d’Istanbul et la grande hospitalité de nos sœurs Soroptimist, qui auront toujours une place spéciale dans mon cœur.

Auteur

Hafdís Karlsdóttir, Secrétaire Générale du SIE