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En plein milieu de la CSW65 (Commission sur le statut des femmes) des Nations unies, la terrible nouvelle est tombée : le président turc Erdogan se retire de la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe. Bien qu’il faille encore clarifier si un décret présidentiel peut annuler les décisions des organes législatifs de la Turquie, c’est un très mauvais présage.

 

Même si le traité reste valide, il ne sera pas d’un grand secours pour les femmes victimes de violences conjugales, car il n’existe aucune volonté politique de le mettre en œuvre. En Turquie, les femmes victimes de violences sont peu protégées et les féminicides sont souvent maquillés en suicides.

 

L’annonce reflète la réalité dans la plupart des pays d’Europe de l’Est. La Pologne et la Bulgarie sont également devenues hostiles à la Convention d’Istanbul. La Russie n’a même pas envisagé de l’adopter, comme la plupart des États de l’ex-Union soviétique. Le fait que la déclaration adoptée par la CSW65 soit également une déclaration minimale décevante – sous la pression de la Russie, semble-t-il – est éloquent.

 

Ces pays ont encore une vision très traditionnelle de la place et du rôle des femmes, qui ne correspond pas aux spécifications de la Convention d’Istanbul. Il y a 50 ans, même dans les pays d’Europe occidentale, la Convention d’Istanbul n’aurait pas trouvé un grand consensus, lorsque la violence et le viol entre partenaires étaient encore généralement considérés comme une affaire privée et n’étaient pas poursuivis. Pour que le changement soit possible dans les pays de l’Est, il faut que l’état d’esprit de leurs citoyens évolue.

Auteur

Bettina Hahne,

représentante du SIE au Conseil de l’Europe 2019-2021